Ex-One Direction, le chanteur Harry Styles sort son premier album solo. Essentiel boutique a demandé à l’écrivain Côme Martin-Karl, auteur de Styles, un roman qui lui tourne autour, de nous dire où en est Harry.

Pendant cinq ans, Harry Styles a loyalement chanté dans One Direction, l’un des boys bands les plus puissants de l’industrie musicale anglaise. Le groupe, fabriqué par The X Factor en 2010, n’avait aucun lead singer officiel, chacun à l’intérieur était l’égal de l’autre, ils formaient un tout censément indivisible comme la République française. Pourtant, c’est bien Harry Styles qui en a émergé comme la figure emblématique. Scruté par toute la presse, courtisé par toutes les marques, et objet de l’exaltation obsessionnelle de dizaines de milliers de fans ultra-connectés, Harry Styles est devenu une pop star mondiale occupant une part non négligeable du volume total d’Internet. Entré à 16 ans avec une tignasse bouclée dans la gloire musicale planétaire, le voilà à 23 ans qui offre son premier album solo dont la couverture le présente prostré de dos, les cheveux ruisselants et emmêlés. Il a choisi de l’intituler lapidairement Harry Styles. Il a choisi de limiter à dix le nombre de morceaux. Il a choisi de l’ouvrir sur une pièce intimiste (Meet Me in the Hallway).

Il a choisi de rendre hommage à un imaginaire musical nostalgique, proposant des éclats de rock nineties (Only Angel), des excentricités pop eighties (Woman) et des références folk (Carolina, Two Ghosts). Il a choisi de se produire dans des salles à taille humaine, lui qui jusqu’ici apparaissait dans des stades débordants. Il a choisi de s’entourer de personnalités pointues, Sarah Jones, la batteuse de Hot Chip, ou Woodkid, à qui il a confié la réalisation de son clip. Malgré cette volonté de se faire plus petit, plus aigu, plus délicat, Harry Styles est rattrapé par l’immensité. Toutes les places des 29 dates de sa tournée internationale, mises en vente le même jour, se sont écoulées en quelques secondes. Certaines se négocient sur des sites spécialisés à plus de 10000 euros. Son premier single s’est classé directement quatrième au prestigieux Billboard Hot 100. Sur sa poitrine, Harry Styles s’est fait tatouer un impressionnant papillon entouré, de part et d’autre, par deux oiseaux. Dans les morceaux de son album, la reverb s’attache à dissoudre le son et à le rendre vaporeux. Dans le clip de Sign of the times, il est seul, il marche sur l’eau et flotte dans le ciel, au-dessus de vastes forêts, il chante un éloge de la fuite: «We gotta get away from here». Tout indique qu’Harry Styles veut devenir léger comme l’air et s’envoler quelque part. J’ai envie de le suivre.

 

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